Macron et la soumission à la société liquide

Macron et la soumission à la société liquide

« La vie dans une société moderne liquide ne peut rester immobile. Elle doit se moderniser ou périr. Poussée par l’horreur de l’expiration, la vie dans une société moderne liquide n’a plus besoin d’être attirée par des merveilles imaginées à l’autre bout des travaux de la modernisation. Ici, on est obligé de courir aussi vite qu’on peut pour rester au même endroit, à l’écart de la poubelle où les derniers sont condamnés à atterrir. »

Zygmunt Bauman, La Vie liquide

 

Depuis son élection, Emmanuel Macron multiplie les initiatives pour favoriser « la mobilité » et « l’innovation » dans tous les secteurs d’activité. Il prévoit d’ailleurs de mettre en œuvre une grande loi sur la mobilité au cours de l’année 2018. Lors d’un discours de campagne, il assurait que son ennemi était « l’assignation à résidence des français ».

 

Avec Macron, le changement c’est maintenant

« L’immobilisme », « le conservatisme », « le scepticisme face au changement », voilà les nouveaux ennemis de la France selon Macron. Il n’y a d’ailleurs pas un seul jour sans que le président s’en prenne à tous ces obstacles au « nécessaire changement pour le progrès », vieilleries d’un « ancien monde » vouées aux gémonies par le macronisme triomphant. Avec Macron, le changement c’est maintenant ou plutôt le changement c’est tout le temps.

Pour lui, il ne faut jamais cesser « d’innover », de « se transformer » ou de « faire bouger les lignes » dans un éloge permanent pour le mouvement paraphrasant avec son slogan « En Marche » la célèbre citation d’Eduard Bernstein pour qui « le but quel qu’il soit ne signifie rien, le mouvement est tout ».

Taguieff fut le premier à caractériser ce qu’il nomme « le bougisme »* comme le nouvel impératif catégorique des sociétés modernes. Par la même, ces sociétés sont entrées dans une course perpétuelle au changement que Zygmunt Bauman** décrivait comme « une vie liquide », c’est-à-dire « une vie prise dans le flux incessant de la mobilité et de la vitesse ».

En d’autres termes, l’homme moderne se voit constamment incité à se soumettre aux impératifs d’instabilité et de précarité, qui seules peuvent lui permettre de s’adapter à la révolution permanente engendrée par la vie liquide. Or, cette société liquide en est venue à contaminer tous les aspects de la vie humaine.

 

Macronisme et société liquide

En termes économiques, la vie liquide transforme en effet le cycle de production en une entreprise permanente schumpétérienne de « destruction créatrice » dans laquelle l’innovation vient se substituer aux anciens modes de production. Il n’est dès lors pas étonnant de voir les entreprises demander à leurs employés de « faciliter la conduite du changement » et de se former régulièrement pour « être remis à niveau ».

L’innovation devient aujourd’hui la variable clé du management des entreprises. Macron lui-même souhaite faire de la France une « nation de start-ups », ces dernières représentant justement parfaitement le modèle schumpétérien de cette « course à l’innovation ».

En termes de consommation d’objets, tout doit être fait pour que leurs espérances de vie soient faibles et limitées de telle sorte que le consommateur soit dans l’obligation constante de les renouveler. C’est la fameuse « obsolescence programmée » mise en lumière par Serge Latouche. « L’effet de mode » et « la propagande marketing » feront de toute façon le reste pour vous faire croire qu’il est plus qu’urgent de renouveler votre stock d’objets.

Mais si la vie liquide a un impact certain sur l’économie en général, l’impact le plus désastreux à terme consiste dans la transformation du comportement humain. Dans la vie liquide, en effet, l’homme lui-même devient un objet de consommation renouvelable à souhait et jetable s’il ne réussit pas à s’adapter. Car là se situe le coût humain de la société liquide, en prônant un changement permanent, celui qui n’est pas assez souple pour s’adapter devient tout bonnement inutilisable comme une chaussure hors d’usage.

Aujourd’hui, ce sont par exemple les ouvriers des anciens bassins industriels qui subissent cette relégation dans le domaine terrible de l’obsolescence. Pour le gouvernement, la France doit s’adapter à cette contrainte du changement notamment en facilitant la flexibilité du marché du travail, c’est-à-dire en précarisant tous les contrats de travail pour rendre sa « fluidité » au marché de l’emploi.

Le problème se pose également pour les personnes âgées. La société liquide est en effet une société misant absolument tout sur le « dynamisme, « le renouveau » ou encore « la nouveauté », caractéristiques dont est affublée la jeunesse. C’est pourquoi, la figure du « jeune » devient la référence centrale des sociétés liquides. Par peur de se faire taxer d’obsolescence, les hommes combattent ainsi coûte que coûte la vieillesse souhaitant toute leur vie rester jeune comme des enfants n’ayant pas envie de grandir.

La société liquide favorise donc de fait une gérontophobie sociale dans lequel seule est valorisée l’image du jeune comme incarnation du renouvellement permanent. Macron, lui-même, joue sur sa jeunesse pour apparaître comme l’image du « renouveau » de sorte que le président est à la fois le promoteur et le produit de la « société liquide ».

 

Société liquide et le vertige de la désappartenance

Plus grave encore, du fait que « la vie dans une société moderne liquide ne peut rester immobile », l’homme doit se délester à la fois d’un héritage culturel et d’un attachement à un territoire s’il veut s’adapter aux nouvelles opportunités offertes par la vie liquide. En effet, premièrement, le passé, l’histoire et tout « l’héritage que l’on a reçus indivis » (Renan) sont assimilés à des principes obsolètes dans un monde qui glorifie sans cesse « l’innovation » et « le changement ».

François-Xavier Bellamy*** y avait d’ailleurs consacré un livre remarquable montrant comment les sociétés occidentales étaient rentrées dans une crise de la « transmission » se dessaisissant volontairement de transmettre l’héritage d’un patrimoine culturel millénaire au nom de la sacro-sainte « nouveauté ». C’est d’ailleurs pourquoi ce patrimoine immatériel est aujourd’hui véritablement menacé de mort par la modernité.

Deuxièmement, l’homme doit abandonner toute appartenance à un territoire ou à une communauté s’il veut rester sans cesse mobile. Dans la société liquide, l’avantage va à l’homme qui se déplace en permanence tel le nomade décrit par Attali**** passant sa vie dans les halls d’aéroport et dans les chambres d’hôtels. Par la même, cet homme nomade se fait l’apôtre de l’ouverture intégrale des frontières et du libre-échange généralisé.

La complaisance vis-à-vis des migrants cherchant du travail en Occident découle également de cette sacralisation de la « mobilité » et du « déplacement ». En cela, la société liquide fabrique un homme à la fois déterritorialisé et déculturalisé s’appliquant à considérer comme « archaïque » tout attachement à une culture particulière.

L’appartenance à une communauté devient dès lors superflue pour l’homme occidental moderne qui se considère lui-même comme « un citoyen du monde ». On assiste donc de fait à l’émergence de la première société d’hommes qui se veulent déracinés, c’est-à dire une société indifférente au sol, au lieu et plus globalement à ses racines. Or, dans ce domaine, le macronisme ne cache pas son aversion pour la culture nationale, le fameux « il n’y a pas de culture française », facilitant à l’inverse une « mobilité » intégrale de la société française et une ouverture généralisée de celle-ci vers l’extérieur.

« Destruction créatrice », « obsolescence programmée », « précarisation », « mobilité permanente », « jeunisme », la société liquide prend des formes différentes mais à chaque fois elle vise à transformer la société en un flux permanent valorisant « le mouvement » et « l’adaptabilité ». Au fond, la société liquide s’en prend à tout ce qui est durable et permanent, à savoir par exemple la culture, le savoir-faire ou encore la nature (sur ce point, la société liquide, de par la mobilité des hommes et le gaspillage des ressources qu’elle engendre a un impact écologique terrifiant).

Or, Macron est le parangon de « l’homme moderne liquide », cette homme-mutant qui « accepte le neuf comme une bonne nouvelle, la précarité comme une valeur, l’instabilité comme un impératif, le métissage comme une richesse »****. Tout le programme macroniste vise en fait à convertir la France à ce type de société sous couvert d’adaptation à la modernité.

 

*Pierre-André Taguieff, Résister au bougisme (2001)

**Zygmunt Bauman, La vie liquide (2005)

***François-Xavier Bellamy, Les déshérités ou l’urgence de transmettre (2014)

****Jacques Attali, L’homme nomade (2003)

Wauquiez et le spectre de la « droitisation »

Wauquiez et le spectre de la « droitisation »

« Pourquoi tout ce qui est moral, conforme et conformiste, et qui était traditionnellement à droite, est-il passé à gauche ? Révision déchirante : alors que la Droite incarnait les valeurs morales, et la gauche au contraire une certaine exigence historique et politique contradictoire, aujourd’hui, celle-ci dépouillée de toute énergie politique, est devenue une pure juridiction morale, incarnation des valeurs universelles, championne du règne de la Vertu et tenancière des valeurs muséales du Bien et du Vrai, juridiction qui peut demander des comptes à tout le monde sans avoir à en rendre à personne. »

Jean Baudrillard, De l’exorcisme en politique ou la conjuration des imbéciles (1997)

 

Le dimanche 10 Décembre 2017, Laurent Wauquiez a été élu dès le premier tour comme président du parti Les Républicains. Déclarant « être au début d’une nouvelle ère pour la droite », le nouveau président du parti est accusé à droite de « chasser » sur les terres du Front National. Xavier Bertrand a d’ailleurs quitté le parti en disant qu’il ne reconnaît plus sa famille politique. A gauche, on agite le spectre de la « droitisation ».

 

On a cru être débarrassé de l’ancien monde mais celui-ci revient en courant. Fini le clivage gauche-droite, nous promettait Emmanuel Macron, place « aux majorités de projet ». Or, il n’en fut rien. « Les promesses n’engagent que ceux qui les croient » nous avait déjà avertis Jacques Chirac, véritable expert en la matière. La victoire de Laurent Wauquiez pour prendre la tête de LR est symptomatique de cet état de fait.

En accusant de « droitisation » la nouvelle ligne de la droite, la gauche et les macronistes ne ressuscitent-ils pas le dit clivage si honni quelques mois plus tôt ? Le terme de « droitisation », lui-même, nous renvoie à cette rhétorique de la démonologie politique dont la Gauche nous a si longtemps rebattu les oreilles. Pour un homme de gauche, en effet, se « droitiser » signifie le pire des comportements possibles, à savoir « flirter avec les thèses du Front National ».

Il est vrai que s’inquiéter d’une immigration incontrôlée, d’une mondialisation qui transforme l’homme en un « nomade permanent » sans attaches et sans appartenances, d’une dissolution de la nation-France et de son héritage historique au sein d’un projet européen technocratique et post-démocratique, vous renvoie immanquablement au parti frontiste. Stratégie cynique de la gauche mitterrandienne qui vise, en laissant au FN le monopole de la défense de la Nation, à délégitimer et décrédibiliser tout ceux qui s’opposent aux dogmes européistes et mondialistes.

De par cette stratégie, la gauche interdit à la Droite de prendre en charge ces questions sous peine de « faire le jeu du Front National », en bref, de se « droitiser ». C’est ici qu’est le véritable coup de génie de la gauche car elle ne laisse à la droite au fond que deux choix. Soit, cette dernière comme Sarkozy en 2007, concurrence le FN sur son électorat et alors elle est excommuniée du débat public, étant dépeinte comme le dernier avatar d’une tradition antirépublicaine remontant à Pétain et à Maurras. Soit, la Droite s’aligne sur la Doxa et reste sous l’emprise de la gauche, auquel cas pour citer Maurice Druon, « en France il y a deux partis de gauche dont l’un s’appelle la Droite ».

Pierre-André Taguieff exprimait bien cette ambivalence de la « droitisation » : « Le contenu réel de la prétendue « droitisation », c’est le refus de la tentation gauchisante qui saisit régulièrement les leaders politiques de droite, gagnés par la lassitude ou par l’esprit d’opportunisme. C’est le refus de la complaisance à l’égard des positions idéologiques de gauche ou d’extrême gauche. C’est donc, pour la droite, le refus de l’empathie avec l’adversaire politique, a fortiori celui de l’identification avec lui, ses positions et ses valeurs. »*

« Droitiser » l’adversaire pour la gauche, qui en tant qu’héritière de la pensée de Gramsci a le suprême privilège de déterminer le licite et le non-licite en politique, est donc le moyen le plus sûr pour elle de conserver son hégémonie culturelle en choisissant dans le camp de la droite le candidat le plus proche de ses idées. Alain Juppé fut ainsi à la primaire davantage le candidat de la gauche que de la droite. Par contre, Laurent Wauquiez, en voulant « plumer le FN de ses électeurs » se libère de la domination idéologique de la Gauche, libération que la doxa médiatique se fera un malin plaisir de marquer sous le sceau de l’infamie.

Regardez d’ailleurs comment les journalistes parlent constamment d’une alliance entre Wauquiez et Le Pen comme si au fond les deux travaillent main dans la main alors qu’ils sont concurrents pour la conquête du même électorat. L’objectif est pourtant clair, il s’agit d’insinuer auprès des français le fait que les thèmes comme l’immigration, le souverainisme ou encore la primauté de la Nation sont issus du Front National et en tant que tels sont interdits dans le débat démocratique ne pouvant donc être portés par la Droite.

Or, face à un Macron occupant tout l’espace central, le salut de la Droite passe par l’électorat populaire ce que Wauquiez a très bien compris. Il est de toute façon grand temps d’en finir avec l’hégémonie culturelle de la Gauche qui depuis 30 ans empoisonne les français par son venin progressiste. La Droite se doit au nom de la survie de ce patrimoine matériel et immatériel qu’est la Nation-France de renoncer à son complexe d’infériorité vis-à-vis de la Gauche et ainsi de mener une lutte idéologique totale face à ce terrible adversaire.

 

*Pierre-André Taguieff, Du diable en politique, Réflexions sur l’antilepénisme ordinaire

 

 

Affaire SUD-Education nationale : Le racisme des antiracistes

Affaire SUD-Education nationale : Le racisme des antiracistes

C’est la nouvelle affaire qui fait grand bruit au sein de l’éducation nationale. Après l’organisation d’un camp d’été « décolonial » interdit aux blancs en Août dernier, c’est maintenant au tour des ateliers « anti-discriminations » de faire polémique. Organisés par le syndicat SUD de l’éducation nationale, ces ateliers ont pour objectif de « lutter contre toutes les formes de discrimination » et vise à libérer la parole des professeurs qui subissent ce type d’injustice.

Le problème réside dans le fait que ces ateliers sont à la fois interdits aux blancs et sont formés en fonction des communautés d’origine des professeurs (noirs, asiatiques, musulmans). En d’autres termes, il s’agit de lutter contre le racisme et les discriminations au moyen d’une nouvelle forme de racisme et de ségrégation raciale. A travers cette initiative, c’est donc en fait toute la stratégie de l’antiracisme qui est mise à nue.

Quelle est donc cette stratégie ? Quel est le réel objectif idéologique des antiracistes ?

 

Substituer la question raciale à la question sociale

Dans la pensée antiraciste, la France serait divisée entre un groupe dominant, les blancs « gaulois », qui monopoliseraient la richesse et les places sociales et un groupe dominé, les minorités non-blanches, qui elles seraient interdites de réussir du fait d’une discrimination quotidienne qui pèse sur elles. Cette vision est de plus en plus reprise dans les médias et provient d’une image de la société fracturée entre la ville et les « banlieues ». Il y aurait ainsi « des quartiers défavorisés », concentrant les minorités et la pauvreté, et les villes où se concentrent les blancs et la richesse.

C’est d’ailleurs dans cette logique qu’est apparue la notion de « discrimination positive » dont l’ancien directeur de Sciences-Po Paris Richard Descoings s’était fait le héraut. Elle consistait à imposer des quotas raciaux à l’entrée de l’école sous le modèle de « l’affirmative action » américain. Le problème de ce type de politique c’est qu’elle introduit de fait un racisme volontaire puisqu’elle prend appui non pas sur la sélection mais sur la détermination raciale des individus. Il s’agit donc de prendre un individu du fait de sa couleur de peau ou de ses origines ethniques mais aussi dans un même mouvement de ne pas prendre un individu pour ces mêmes raisons raciales. En cela, la « discrimination positive » n’est pas une « anti-discrimination » mais au contraire une nouvelle discrimination à l’encontre d’une autre catégorie de la population.

Le drame de cette politique c’est qu’elle substitue la question raciale à la question sociale. Les inégalités ne sont plus dès lors une conséquence sociale mais seraient le fruit d’un rapport de force entre « les blancs » et les minorités. Or, cette conception de la société française est complètement fausse. La majorité des classes populaires ne vit ainsi pas dans les « banlieues » mais dans ce que Christophe Guilluy appelle « la France périphérique » *, à savoir ces communes rurales et péri-urbaines déclassées par la mondialisation. « Aveuglés par la thématique du « ghetto » et par les tensions inhérentes à la société multiculturelle, nous dit Guilluy, on oublie souvent que les rares ascensions sociales en milieu populaire sont aujourd’hui le fait de jeunes issus de l’immigration. »

Aujourd’hui, il est tout aussi difficile pour un enfant de Guéret dans la Creuse que pour un enfant de Clichy-sous -Bois de monter dans l’échelle sociale. Il n’y a donc aucunement de racisme organisé de la part de la société française mais seulement un système favorable au maintien des classes supérieures dans leurs positions du fait de leur maîtrise des codes et des réseaux propres à la mondialisation économique. Faire du racisme la cause première des inégalités, c’est donc d’une part crée des tensions raciales alors que le problème est social et d’autre part c’est assimiler la « France périphérique » à une population à la fois riche et raciste. Au fond, on pourrait retrouver dans cette description toute la pensée de la gauche moderne.

 

Imposer la ségrégation raciale

Le 16 Mai 2013, l’Assemblée Nationale votait la suppression de la notion de race dans la constitution. Décrit comme « aberrant » par le rapporteur de la proposition, la race n’en continue pas moins d’imposer son poison à l’ensemble de la société au moyen de l’antiracisme. C’est ici un paradoxe qui ne manque pas de m’étonner tous les jours. En effet, c’est au moment où l’on condamne le mot « race » que les antiracistes de tous poils organisent des événements interdits aux blancs. L’antiracisme ne cesse donc de racialiser la société française recréant en permanence selon Pascal Bruckner** « la malédiction qu’il prétend combattre ».

Aujourd’hui, tout conflit, désaccord ou malaise est regardé sous le prisme de la détermination raciale par ces organisations. Pour elles, la société française serait intrinsèquement raciste envers ses minorités. Pire, l’Etat lui-même encouragerait cette tendance en formant un « apartheid » territorial. Il s’agit en fait pour les antiracistes de traduire en France les schémas communautaristes américains dans lequel la société se divise en fonction de critères raciaux. Ainsi, la France sera divisée en communautés raciales vivant toutes repliées sur elles-mêmes de sorte que tous les français se voient imposer une identité raciale déterminée. C’est ici l’objectif premier de toutes les organisations antiracistes.

Or, c’est justement ce type de raisonnement qui forme un racisme structurel encré comme aux Etats-Unis dans la culture d’une société. Diviser cette dernière en fonction de critères raciaux comme le font les antiracistes, c’est donc in fine favoriser l’entretien d’un racisme structurel d’une communauté envers les autres. Comme l’écrit Pascal Bruckner, « l’antiracisme, devenu la religion civile des temps modernes, s’est transformé en hostilité permanente de chacun contre chacun, en rhétorique de la récrimination. » Le risque bien évidemment est de créer des enclaves communautaires imperméables.

Il est quand même tout à fait paradoxal de voir des antiracistes critiquer « l’identitarisme » du Front National tout en poussant les minorités à affirmer leur singularité identitaire. En d’autres termes, l’antiracisme contemporain n’est d’une certaine façon que le miroir du repli identitaire des électeurs du Front National, l’envers d’une même médaille.

L’affaire des ateliers « anti-discriminations » représente donc l’exemple-même de la dérive raciste de l’antiracisme. Prisonnier d’une conception raciale de la société française, les antiracistes pratiquent allègrement une ségrégation raciale inspirée du modèle américain. En somme, il n’y a en réalité aujourd’hui pas plus racistes qu’un antiraciste.

 

*Christophe Guilluy, La France périphérique, Comment on a sacrificié les classes populaires

**Pascal Bruckner, Un racisme imaginaire, islamophobie et culpabilité

Le clivage Droite/Gauche est-il dépassé?

Le clivage Droite/Gauche est-il dépassé?

« Il y a longtemps que le clivage gauche-droite, en France comme ailleurs, ne correspond plus ni aux grands problèmes de notre temps ni à des choix politiques opposés. » Cornélius Castoriadis ne pouvait être plus claire lorsqu’il écrivait ses lignes en 1986. Cinq années après la promesse mitterrandienne « des lendemains qui chantent », les français ont vite déchanté devant l’absence de véritables changements politiques. Gauche et Droite se retrouvaient à faire la même politique confirmant ainsi la célèbre citation de José Ortega y Gasset* pour qui « être de gauche ou être de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile, toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale ».

Le clivage droite/gauche serait-il alors totalement artificiel ? Non si l’on prend en compte l’histoire des idées en France. Avant toute chose, il convient de souligner qu’il est presque impossible de dégager une essence de ce que serait la gauche ou la droite. Il n’existe donc pas de corpus idéologique que l’on pourrait associer à chaque famille ni même de valeurs spécifiques à chacune d’entre elles. Par exemple, les premiers socialistes, de Pierre Leroux à Louis Blanc, se définissaient comme étant « ni de gauche ni de droite ».

En réalité, Gauche et Droite ne sont que des positionnements politiques traduisant un clivage n’existant que dans un contexte bien précis. Ainsi, au moment de la révolution, le clivage séparait républicains et monarchistes. Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, le débat opposait la droite cléricale et conservatrice à la gauche libérale et progressiste, dont faisaient partie des personnalités comme Tocqueville ou Adolphe Tiers. A partir de 1848 et l’émergence de la question sociale, les marxistes vont petit à petit monopoliser la gauche tandis que le libéralisme se déportera à droite.

Comme on peut le voir, le clivage Droite/gauche s’est transformé au fil du temps revêtant des habits différents selon le contexte politique ou économique. André Siegfried dira que « la Droite est toujours une ancienne gauche ». Mais même en se modifiant, ce clivage a toujours su conserver son rôle primordial au sein de la démocratie française offrant aux électeurs non seulement une véritable alternative mais également les moyens de se situer sur l’échiquier politique. Hélas, ce clivage semble se décomposer depuis 30 ans ce qui a pour effet de déstructurer la politique française et ainsi de désorienter l’électeur de plus en plus enclin à s’abstenir lors des élections.

 

La désuétude du clivage Droite/gauche

Dans les années 70, la droite et la gauche étaient clairement identifiables pour les français. A Droite, l’économie de marché et le conservatisme moral, à Gauche, l’interventionnisme étatique et le progressisme des mœurs. Pourtant, les présidences de Giscard d’Estaing et de François Mitterrand vont modifier la donne. En effet, en convertissant la droite à la libération des mœurs, Giscard a aligné la Droite sur la posture morale de la Gauche. Quant à Mitterrand, en choisissant le tournant de la rigueur en 1983, il a fait entrer définitivement la Gauche dans l’économie de marché.

Le clivage tel qu’il existait dans les années 70 s’était donc achevé en 1983. Néanmoins, si le fond du clivage avait cessé d’exister, la forme, elle, continuait comme si de rien n’était. A chaque élection, on assistait ainsi à la mise en scène du clivage d’antan aux moyens de « marqueurs » empruntés aux mythologies des deux camps tandis qu’une fois passé le scrutin, les français s’apercevaient que Droite et Gauche faisaient trait pour trait la même politique. En d’autres termes, il existait bien une alternance mais pas d’alternative. S’ensuivait alors, d’après Taguieff**, « une forme de théâtres où les principaux rôles sont joués par des abstractions et des formules creuses transformant les affrontements politiques en séances d’un spectacle de variétés parmi d’autres ».

Or, à cette théâtralisation du clivage Droite/Gauche s’ajoute le fait que ce clivage est incapable de prendre en compte les nouvelles fractures françaises. Ainsi, les divisions entre gagnants et perdants de la mondialisation, entre fédéralistes européens et eurosceptiques ou encore entre partisans de l’immigration et ceux qui sont favorables aux frontières, traversent tout autant la Gauche que la Droite. Le géographe Christophe Guilly proposait même un nouveau clivage entre la France des métropoles et celles des périphéries. « Les lignes de fracture sont désormais transversales, écrit Alain de Benoist***, elles passent à l’intérieur de la droite comme à l’intérieur de la gauche. Elles dessinent d’ores et déjà de nouveaux clivages. »

 

De 2005 à 2017 : l’impossible dépassement du clivage Droite/Gauche

Dès 2005, date du référendum sur le traité constitutionnel européen, les français se sont aperçus de l’obsolescence du clivage qui avait structuré jusque-là la vie politique. Ils voyaient alors la Droite et la Gauche appuyer sans réserve le traité européen offrant même à Paris Match une une grotesque montrant Hollande et Sarkozy côte à côte pour « la défense de l’Europe ». Le soir du vote, les journalistes étaient sidérés d’apprendre que le « non » l’avait emporté largement avec le soutien de plus de 60% des électeurs de gauche. Se dessinait alors un nouveau clivage entre européistes et eurosceptiques dont la division Droite/Gauche était incapable de rendre compte.

Pourtant, les politiques ont fait comme si rien ne s’était produit. En 2007, Sarkozy avait fait une campagne « très à droite » disait-on tandis qu’en 2012 Hollande avait conquis « le peuple de gauche ». C’est comme si dans les deux cas, la leçon de 2005 avait été oubliée et tout le monde était reparti tranquillement dans le clivage réconfortant entre la Droite et la Gauche. « Dans l’opinion, écrit Alain De Benoist, les notions de droite et gauche peuvent encore faire illusion parce qu’elles continuent à faire partie de la langue politicienne et parlementaire, qui les utilise comme des mantras dans l’espoir de ressusciter des réflexes conditionnés. »

En 2017, l’élection d’Emmanuel Macron avait fait naître l’espoir d’un dépassement du clivage Gauche/Droite. Or, il n’en a rien été. Que ce soit sur le code du travail ou la réforme de l’ISF, Macron est associé par principe à la « Droite » comme si d’une manière schizophrénique les français sont tout à la fois conscient de l’effacement sur le fond du clivage Gauche/Droite tout en continuant à la plébisciter sur la forme. C’est que d’une part, encore près d’un tiers des français, notamment les fonctionnaires et les retraités non touchés par les effets de la Mondialisation, ceux qui au passage votent le plus, continuent à se structurer selon ce clivage. Et d’autre part, l’illisibilité de la scène politique, ce que Taguieff**** nomme « la démocratie à l’état sauvage », pousse les français à se réfugier dans des schémas classiques et des catégories toute faites. C’est pourquoi, malgré son obsolescence apparente sur le plan des idées, le clivage Gauche/Droite reste encore aujourd’hui au moins sur la forme le principe organisateur de la politique française.

Cette situation paradoxale, entre nécessité d’un dépassement et son impossibilité, crée une forme de confusion idéologique dans lequel les français perdent petit à petit leurs repères. Or, c’est de cette confusion que naît la frustration d’un grand nombre de français tentés dès lors par l’abstention. De l’adaptation de l’ancien Clivage/droite aux nouvelles fractures françaises dépendra l’avenir de la démocratie française.

 

*José Ortega Y Gasset, La révolte des masses (1929)

**Pierre-André Taguieff, Du diable en politique, Réflexions sur l’antilepénisme ordinaire (2014)

***Alain de Benoist, Le moment populiste (2016)

****Pierre-André Taguieff, Macron : miracle ou mirage ? (2017)

Le fascisme est-il vraiment à nos portes ? Mythes et instrumentalisation du retour de l’hydre fasciste

Le fascisme est-il vraiment à nos portes ? Mythes et instrumentalisation du retour de l’hydre fasciste

« Pour la première fois depuis 70 ans, les nazis auront la parole à l’assemblée. » Sigmar Gabriel ne pouvait pas cacher sa déception à la vue des résultats. Son parti, le SPD, vient de connaître un revers quasi historique tandis que le parti AFD, placé à l’extrême-droite, avec 13% des voix parvient à faire rentrer un peu plus de 90 députés au Bundestag. Sigmar Gabriel ne fut pas le seul à s’alarmer du résultat de l’AFD, les principaux journaux allemands appelant à la résistance « face au déferlement nazi » tandis que des centaines de personnes battaient le pavé à Berlin au nom de l’antifascisme. AFD, no pasaran ! Tel le diable tapis dans l’ombre, le fascisme est une réalité sous-terraine menaçant à chaque instant de renaître de ses cendres. Comme Satan, il faut le démasquer avant qu’il ne soit trop tard.

Voilà en somme le discours affligeant diffusé en boucle dans les médias. Fait de raccourci et d’amalgame permanent entre extrême-droite, nazisme, fascisme ou même populisme, le discours médiatique occulte volontairement les vraies questions : qu’est-ce que le nazisme ? qu’est-ce que l’extrême droite ? L’AFD comme le FN sont-ils des partis fascistes voir nazis ? Ce sont ces questions qu’il faut poser sinon comment affirmer, comme le font les journalistes, que tel parti est nazi si plus personne ne sait ce qu’est le nazisme. De même, comment affirmer qu’un tel parti est d’extrême-droite si on est bien incapable que connaître l’essence politique de l’extrême-droite. Le problème réside donc dans la qualification de ces mouvements et la difficulté de les appréhender de manière intrinsèque. A cela, il faut ajouter le fait que ce discours médiatique comporte une instrumentalisation politique de l’antifascisme qu’il faudra détailler plus en détails.

 

Qu’est-ce que l’extrême-droite ? Voilà la vraie question

A l’extrême-droite, on associe souvent les notions de fascisme, nazisme, conservatisme, nationalisme ou populisme comme faisant partie de ces attributs. Ainsi, l’extrême-droite, quel que soit le pays, est de fait assimilée au nazisme ou au fascisme. On le voit en France ou en Allemagne où chaque poussé du FN ou de l’AFD provoque en réaction des appels à la résistance contre « le retour de la bête immonde fasciste ». D’ailleurs, Macron lui-même a joué entre les deux tours de la présidentielle sur ce raccourci FN-Nazie. Or, cette confusion entre ces termes empêche de comprendre correctement la nature des mouvements politiques d’extrême-droite.

L’erreur fondamentale de toutes les analyses politiques est de voir l’extrême-droite non pas comme un positionnement politique mais comme un corpus doctrinal claire et affirmé. En d’autres termes, il est impossible de dégager ce qui serait une essence idéologique de l’extrême-droite.

D’une part, les cultures nationales travaillent en profondeur la doctrine de ces mouvements. L’extrême-droite américaine est ainsi libérale et antibureaucratique tandis que l’extrême-droite française est avec Marine Le Pen étatique et interventionniste. Un autre exemple peut être donné avec l’Europe de l’Est, comme la Pologne, dont l’extrême-droite est culturellement plus conservatrice qu’elle ne l’est à l’Ouest du fait du rôle toujours important du catholicisme.

D’autre part, les mouvements d’extrême-droite inscrivent leur doctrine en fonction d’un contexte historique prédéterminé. Furet soulignait par exemple combien il était impossible de concevoir le fascisme et le nazisme sans prendre en compte la première guerre mondiale qui au préalable avait militarisait les sociétés rendant possible la violence totalitaire. De même, le franquisme ne saurait exister dans une Espagne en voie de sécularisation.

Qu’on y regarde de plus près, on ne saurait trouver un corps doctrinal unique à l’ensemble des partis d’extrême-droite. Il existe parfois des points communs mais ces derniers ne sauraient incarner un corpus idéologique commun. Plutôt que de parler d’une essence idéologique d’extrême-droite, il vaudrait mieux parler d’un positionnement politique même si le terme d’extrême-droite est lui-même inexacte car ces mouvements ne sont pas des droites « radicalisées » mais des partis des prenant des idées aussi bien à droite qu’à gauche. Sans doute, le problème d’identification provient de l’impossibilité de projeter ces mouvements sur un clivage gauche-droite classique.

S’il n’existe pas de doctrine commune, certains intellectuels insistent sur des pratiques communes à ces mouvements pour les définir. Ils insistent ainsi sur le culte de la violence, la culture du chef ou l’aversion pour la démocratie comme traits définissables de l’Extrême-droite. Or, forcé de constater qu’en matière de violence politique et de culte du chef, la gauche et le communisme en ont fait pendant longtemps leurs fonds de commerce. Encore aujourd’hui, la violence dans la rue est quasi exclusivement le fait de groupes d’extrêmes gauche tandis que le culte de personnalité est moins incarné en la personne de Le Pen que dans celle de Mélenchon.

Pour ce qui concerne l’aversion à la démocratie, il est quand même de mauvaise foi d’affirmer que ces partis sont anti-démocratiques alors même qu’ils participent à toutes les élections et qu’aucun d’eux ne s’est jamais affirmé, contrairement aux nazies, comme des partis anti-démocratiques. Au contraire même, ces partis sont le plus souvent des partisans de la démocratie directe et du référendum.

Ces appels au peuple font d’ailleurs l’objet du succès du terme « populisme » utilisé à tort et à travers dans les médias. C’est que beaucoup assimile extrême-droite et « populisme ». Là encore, le populisme n’est pas une idéologie définie mais un style, une manière de faire de la politique. Le populisme serait dès lors synonyme de démagogie. Mais encore une fois, l’extrême-droite n’a pas le monopole de la démagogie, la gauche l’utilisant abondamment notamment Mélenchon. De même, le discours du Bourget de Hollande est un discours populiste tant l’orateur savait très bien que ce qu’il disait était de la pure chimère.

Il est donc impossible de définir une doctrine ou une pratique d’extrême-droite englobant la totalité de ces mouvements politiques. Elle est par nature indéchiffrable selon les termes de Michel Winock* apparaissant comme « une tendance politique dure mais un concept mou ». Pourtant, cette pluralité et cette absence de définition sont largement occultées aujourd’hui et ce pour des raisons purement politiques.

 

L’instrumentalisation politique de l’antifascisme

On pourrait penser à première vue que la mort d’Hitler et de Mussolini avait définitivement mis fin à la menace fasciste. Or, pour les mouvements antifascistes, il n’en est rien. Pour eux, le fascisme est sans cesse une menace renaissante prête à tout moment à déferler sur la France. « Lepénisation des esprits », « bête immonde », « l’éternel retour des vieux démons », les antifascistes ne manquent pas d’expressions destinées à remobiliser l’opinion contre cette menace. Pierre-André Taguieff** affirmait justement que « nous vivons dans un univers de spectres, où aux fascismes imaginaires font écho des antifascismes imaginaires d’aujourd’hui ». Or, ce « fascisme imaginaire » crée volontairement une confusion dans les esprits rendant difficile voire impossible une bonne appréhension des mouvements d’extrême-droite.

L’antifascisme naît suite à la marche sur Rome de Mussolini en 1922. Issu des partis de gauche marxistes, l’antifascisme reste prisonnier du matérialisme historique de Karl Marx. Pour eux, le fascisme n’est que l’ultime avatar, le « stade suprême », du développement capitaliste. François Furet*** notait que « les communistes tendent à voir après coup dans les victoires du fascisme autant de « stades suprêmes » de la domination bourgeoise : « suprêmes », c’est-à-dire plus dictatoriaux que jamais, mais aussi plus fragiles et les derniers de l’histoire, porteurs sans le savoir de la révolution prolétarienne. » Or, en étant prisonnier de ce schéma marxiste, les antifascistes ne voient pas la spécificité et l’essence du fascisme. Ils le voient comme un ultra-capitalisme conservateur voire réactionnaire. Dimitrov, un des leaders du Komintern disait que « le fascisme est la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ». Hitler serait dès lors une simple marionnette des industriels allemands.

Cette pensée, en plus d’être grotesque, occulte le caractère « révolutionnaire » de la pensée fasciste comme l’avait montré Zeev Sternhell dans La Droite révolutionnaire. Ainsi, la pensée antifasciste tend à considérer comme fasciste l’ensemble des éléments capitalistes puisque le fascisme y est supposément leurs stades ultimes. De ce simple fait, le libéralisme, le conservatisme ou la pensée réactionnaire seraient liés directement ou indirectement au fascisme. On peut dès lors comprendre pourquoi pendant la guerre froide, les communistes voyaient un fasciste dans chacun de ses opposants. De Gaulle était ainsi accusé « de coup d’état fasciste » en 1958 tandis que Raymond Aron et Hannah Arendt étaient accusés de faire le jeu du « fascisme » en osant dénoncer le totalitarisme communiste.  

Caricatural sous la guerre froide, le mouvement antifasciste s’est professionnalisé à partir des années 80. La création d’associations antiracistes et communautaires et la percée du Front National aux municipales de 1984 expliquent cette transformation. La Gauche mitterrandienne dont la gauche actuelle est largement issue saura dès lors utiliser habilement l’antifascisme à des fins proprement politiques. Dorénavant, le FN sera encarté comme parti fasciste sans aucune explication. Comme le soulignait Taguieff, cet antifascisme d’opérette permet d’une part de faire oublier les crimes du communisme en se concentrant exclusivement sur « le péril brun » et d’autre part de délégitimer un adversaire politique et au-delà de ça de délégitimer certaines de ces idées.

Ainsi, il suffit que le FN soit pour le contrôle des frontières pour qu’instantanément cette idée devienne « fasciste » et donc dangereuse in fine pour la démocratie. Cette délégitimation ne s’arrête pas à l’extrême-droite puisque si la droite s’avise comme sous Sarkozy à se montrer favorable aux contrôles aux frontières, elle sera immédiatement accusée « de faire le jeu du FN », c’est-à-dire pour eux du fascisme.

Ainsi, toute idée partagée, issue ou reprise par le Front National est frappée de contamination tel un virus qu’il faut circonscrire. Dites que vous êtes eurosceptique, défavorable à l’immigration ou que vous êtes préoccupés par les effets de la globalisation, et vous serez alors contaminé par la « lepénisation des esprits », voire pire, vous serez sans le savoir « un fasciste ». Dès lors que le FN touche à une idée, cette dernière est frappée du sceau de l’excommunication et devient irrecevable dans le débat public. On peut penser par exemple à la déchéance de nationalité pour les terroristes, idée qui venant du FN faisait forcément resurgir « le spectre des années 30 ».

De fait, tout débat devient interdit sur ces questions, la politique laissant sa place à une morale humanitaire ce que Weber appelait l’éthique de conviction. Comme le dit Taguieff, « amalgamer un mouvement ou une formation politique avec « le fascisme » ou le qualifier « d’extrême droite », c’est en effet l’exclure du cercle de l’idéologiquement acceptable, c’est donc marginaliser par la diabolisation toute opposition véritable au statu quo ».

L’objectif est en tout cas clair pour la gauche, il s’agit de délégitimer certaines idées « non progressistes » en leur apposant la marque du « fascisme ». Par la même, elle pousse la droite à se désintéresser de sujets « faisant le jeu du FN » comme l’immigration, l’Europe ou l’identité si celle-ci souhaite conserver sa « respectabilité » médiatique l’affaiblissant électoralement en la coupant des préoccupations des classes populaires. Seul Sarkozy en 2007 avait osé franchir le Rubicon provoquant les réactions horrifiées de la gauche.

L’antifascisme fait donc l’objet d’une instrumentalisation politique visant à délégitimer une idée ou un adversaire politique. Le processus est simple. Il consiste d’abord à affirmer que telle idée ou parti est « d’extrême-droite » alors même qu’une essence d’extrême-droite n’existe pas. Or, si elle est « d’extrême-droite », il ne fait pas longtemps à tous les bien-pensants pour y voir le premier signe d’une résurgence du fascisme. Dès lors, l’idée ou le parti fera l’objet d’une ostracisation et d’une condamnation morale exceptionnelle. C’est pourquoi il est si important pour les antifascistes de ressusciter « l’hydre fasciste ». « Si ce péril suprême vient à manquer, nous dit Alain Finkielkraut****, ils seront comme des enfants perdus, ils tâtonneront, sans repères, dans un monde indéchiffrable. Ils sont donc aux petits soins pour la bonne vieille bête immonde de papa, pour l’ogre familier qui est devenu leur nain de jardin. C’est bien moins le fascisme qui les épouvante que l’éventualité de sa disparition. »

 

*Michel Winock, Histoire de l’extrême droite en France (1993)

**Pierre-André Taguieff, Du diable en politique, Réflexions sur l’antilepénisme ordinaire (2014)

***François Furet, Le passé d’une illusion  (1995)

****Alain Finkielkraut, La seule exactitude (2015)

Monsieur Macron : l’armée n’est pas un fardeau, elle est notre bouclier !

Monsieur Macron : l’armée n’est pas un fardeau, elle est notre bouclier !

« Je ne vais pas me faire baiser comme ça. » C’est par ces mots de colère que le chef d’état-major de l’armée française, le général De Villiers, a réagi aux annonces budgétaires du gouvernement. Devant un parterre de députés complètement déroutés par le verbe haut du général, ce dernier n’a pas hésité à s’en prendre au gouvernement. La veille, il avait appris que le budget de la défense était rogné de 850 millions d’euros cette année. Rejoignant Bonchamps et La Rochejaquelein, ses illustres ancêtres, dans la voie de la contestation, De Villiers a mis sa démission en jeu s’il n’obtenait pas gain de cause.

Il est vrai que l’état-major avale les couleuvres depuis l’élection d’Emmanuel Macron. De la nomination peu appréciée de Sylvie Goulard au poste de ministre des armées au report à 2025 de l’objectif des 2% du PIB consacrés à la défense nationale, le nouveau gouvernement ne s’est pas rendu populaire auprès de l’armée. Les 850 millions d’euros d’économie furent donc la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Au moment même où nos soldats défilent sur les Champs pour le 14 juillet, la grogne monte dans les casernes.

Français, sachez que l’on vous ment ! On vous dit que votre armée est l’une des plus puissantes au monde, c’est de moins en moins vrai. On vous dit que l’Etat consacre une grande partie de son budget à la défense, c’est totalement faux. La manipulation médiatique est ici à son comble pour faire croire aux français qu’on s’intéresse à leurs armées. En réalité comme l’arbitrage budgétaire l’a montré, la défense est le cadet des soucis des gouvernements depuis plus de 30 ans.

Le budget de la défense est en effet en baisse constante depuis Mitterrand. En 1982, la France consacrait 3% de son PIB à ses armées*. En 2011, elle n’y consacrait plus que 1,7% du PIB. En 2015, l’armée avait touché le fond avec à peine 1,44%. Du fait des attentats, ce pourcentage a légèrement augmenté entre 1,5 et 1,6% du PIB. Sous De Gaulle, ce chiffre atteignait 5,4% du PIB. En termes d’effectif, c’est plus de 200 000 hommes en moins par rapport à 1984. Dans les faits, le budget de la défense est égal en euros constants à ce qu’il était en 1982.

Il faut également ajouter que la dépense publique globale représente 57% du PIB. Par conséquent, la dépense militaire, c’est 1,5% des 57% de dépenses publiques, soit 2,6% du total des dépenses publiques. Dire donc que la France fait un effort sans précédent pour ses armées, ce n’est pas mentir, c’est se moquer du monde ! Aujourd’hui, la défense n’est que le cinquième budget de l’état loin derrière l’éducation nationale, le service de la dette ou encore les subventions à des associations.

Or, réduire la voilure aura un impact désastreux sur au moins quatre domaines. Premièrement, les coupes budgétaires entraîneront un étalement des programmes de recherche et d’équipement ce qui ne manquera pas de saper la nécessaire modernisation de notre outil militaire.

Deuxièmement, elles vont réduire considérablement la disponibilité du matériel. Il faut tout de même rappeler que nos soldats en opération manquent de tout. Les chars sont obsolètes, les camions ont du mal à rouler, les soldats au Mali n’ont parfois pas de tentes pour dormir ni de chaussures adaptées au sol rocheux des Ifoghas**.

Troisièmement, les coupes vont réduire les heures d’entraînement des soldats. Déjà, d’après le général Desportes, nos soldats s’entrainent 20% de moins que ce que l’OTAN préconise ce qui les met directement en danger.

Enfin, ces coupes limiteront sensiblement notre capacité d’intervention dans le monde. Il y a là un paradoxe d’ailleurs tout à fait singulier. Au moment où la défense est sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires, la France n’a jamais eu autant besoin de son armée. En effet, notre pays, s’il souhaite jouer son rôle de grande puissance se doit d’être une puissance militaire capable d’intervenir rapidement sur les théâtres d’opération. Bismarck avait dit un jour « qu’une diplomatie sans armée c’est comme la musique sans instrument ». La Chine, la Russie et dernièrement les Etats-Unis l’ont d’ailleurs bien compris, eux qui ont sensiblement augmenté leurs budgets militaires.

Surtout, notre pays est directement menacé par le salafisme djihadisme de l’Etat Islamique et d’Al-Qaeda. L’armée française est engagée contre ce type de groupe au Sahel, via l’opération Barkhane, en Syrie et en Irak, via l’opération Chammal et même sur le propre territoire français avec l’opération Sentinelle. Vouloir rogner le budget de l’armée aura donc pour conséquences d’affaiblir nos soldats alors qu’ils sont notre première ligne de défense. Pourtant, nos dirigeants, Emmanuel Macron en tête, nous expliquent à longueur de journées que nous sommes en guerre. Si je comprends bien, on fait donc la guerre en baissant volontairement le nombre de soldats, en les sous-entraînant et en réduisant la qualité de leur matériel. Même Gamelin*** aurait été un meilleur stratège !

Qu’on le veuille ou non, la décision du président d’affaiblir toujours plus notre outil militaire est non seulement une erreur stratégique à l’heure où le monde se réarme mais cette décision est également criminelle pour nos soldats. Macron a beau jeu d’invoquer un nouveau monde, il ne fait en réalité que suivre la politique de ses prédécesseurs : demander toujours plus à une armée exsangue. Le pire c’est qu’il manque singulièrement de courage. Prendre à l’armée, ce corps de métier qui ne possède ni de syndicats, ni de droit à la parole, ni encore du droit de grève, c’est tout simplement céder à la facilité pour réduire le budget de l’état.

Cependant, ce qui m’inquiète le plus, c’est la désagréable impression que notre président n’a pas pris la mesure des menaces qui pèsent sur le pays. Il me semble pris d’une double illusion. L’illusion d’une armée européenne d’une part alors même que ce projet n’est ni faisable ni souhaité par nos partenaires européens. L’illusion d’une « fin de l’histoire » d’autre part de la part d’un président croyant comme Fukuyama que le monde est sur la voie de son unification. Mais le tragique de l’histoire s’est rappelé à nous. Face à ce défi, l’armée sera en première ligne. Le général De Villiers a raison de s’opposer à la décision inique de réduire le budget de la défense. C’est qu’il faut dire aux français cette vérité toute simple : l’armée n’est pas un fardeau, elle est notre bouclier…

 

*Tous les chiffres de cet article proviennent du livre du général Desportes, La dernière bataille de France.

**l’Adrar des Ifoghas est une région montagneuse située au nord du Mali.

***Le général Gamelin était le généralissime des armées françaises pendant le désastre de Mai 1940.

La Syrie : quand la diplomatie française tombe en ruines

La Syrie : quand la diplomatie française tombe en ruines

« Tout ce qui est excessif est insignifiant ». Talleyrand était sans nul doute l’un des plus grands diplomates de son époque. En tant que diplomate en chef de Napoléon, il fut l’un des rares à comprendre, pour paraphraser Furet, que la diplomatie n’est pas une école de morale. Il avait lui-même constaté les dégâts d’une moralisation excessive de notre politique extérieure. Une France en guerre contre toute l’Europe, l’Espagne et l’Italie ravagés par les armées napoléoniennes, tout ceci justifié au nom des droits de l’homme.

Loin d’être un précurseur comme beaucoup l’affirme aujourd’hui, Talleyrand s’inscrit en réalité dans les pas traditionnels de la diplomatie française. Celle-ci se veut réaliste et exclusivement tournée vers la défense des intérêts nationaux. Les notions morales ne lui importent peu, seuls comptent le résultat final.

Cette tradition a pris corps après la défaite de Pavie en 1525. François I est alors capturé par le connétable de Bourbon, lieutenant de Charles Quint, son armée est décimée et la France se voit menacée d’une invasion imminente. La régente, Louise de Savoie, mère du roi François, décide alors de négocier avec les turcs du sultan Soliman le magnifique pour prendre à revers « l’archimaison » des Habsbourg qui encercle le royaume. En 1536, le roi François et le sultan d’Istanbul parachèvent cette nouvelle alliance par le traité dit des « Capitulations ». Pari gagnant. Combattant les turcs, Charles Quint renonce à envahir la France. L’Europe est scandalisée, le roi de France très chrétien s’alliant avec un prince musulman ! Et pourtant, cette politique a porté ses fruits, la France est sauvée.

Cette doctrine réaliste de la diplomatie française se retrouve près d’un siècle plus tard avec Richelieu à sa tête. Cardinal catholique, ce dernier n’hésite pas pour le bien de son pays à faire alliance avec les princes protestants lors de la guerre de Trente ans. Le Traité de Westphalie de 1648 consacre cette politique.

Or, près de quatre siècles plus tard, forcé de constater que cette tradition réaliste n’existe plus. On lui attribue même le vocable dénigrant de Realpolitik. Hormis le discours de Villepin à l’ONU en 2003 pour s’opposer à l’invasion de l’Irak, la France ne décide plus sa politique en fonction de ses propres intérêts nationaux mais en fonction d’une approche morale et émotionnelle des droits de l’homme.

Le point de rupture a été atteint en 2007. Nicolas Sarkozy décide alors de nommer l’ancien patron de Médecins sans frontières Bernard Kouchner au Quai D’Orsay. L’idéologie des droits de l’homme devient dès lors le dogme officiel de toute la politique française. La France se convertit au wilsonisme moralisateur américain.

En 2011, c’est au nom des droits de l’homme que le dictateur libyen Mouammar Kadhafi est renversé au mépris du droit international provoquant l’effondrement de ce pays. Aujourd’hui, la Libye est un trou noir sécuritaire dans lequel l’Etat Islamique s’est engouffré pour y faire une base de son califat. Ainsi, pour reprendre Balzac, « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».

Toujours en 2011, c’est en Syrie que le naufrage de la diplomatie française sera le plus complet. Aveuglé par les droits de l’homme, le gouvernement français choisit de sortir de la neutralité et soutient ouvertement l’opposition. Convaincue au mépris de toutes réalités que Bachar va tomber, la diplomatie française reconnait le conseil national syrien comme le gouvernement légitime et décide de fermer l’ambassade de France à Damas.

Ce fut une double erreur. D’une part, le conseil national syrien ne représente aucunement l’opposition qui dans une logique à la Clausewitz de montée aux extrêmes se radicalise toujours plus en fonction du temps. D’autre part, couper tous les liens avec Damas a eu pour conséquences de rendre nos services de renseignement totalement aveugles à ce qui se passait en Syrie. 130 personnes le payeront de leur vie dans les rues parisiennes le 13 Novembre.

Englué dans une position inconfortable léguée par leurs prédécesseurs, le tandem Hollande-Fabius choisit pourtant la fuite en avant. La France fournit ainsi des armes aux rebelles dit « modérés » qui sont en réalité pour la plupart des brigades islamistes alliées au front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida. Il faut rappeler qu’Al-Qaida est notre principal ennemi au Sahel tuant au passage une dizaine de soldats français. On soutient donc en Syrie ce que nous combattons au Mali, voici la triste réalité de la diplomatie française. Fabius ira même jusqu’à affirmer devant la représentation nationale qu’« Al-Nosra fait du bon boulot contre Assad ».

En 2013, Hollande va encore plus loin. Prétextant un bombardement chimique attribué sans aucune preuve au régime des Assads, la France se dit prête à bombarder Damas. Fort heureusement, le président Obama avait compris les conséquences désastreuses d’une intervention militaire. En liquidant Assad, rien n’aurait alors empêché les katibas islamistes de porter le drapeau du Djihad au sommet de la mosquée des Omeyyades, image qui n’aurait fait que renforcer la propagande djihadiste. L’opération a été annulée mais la diplomatie française continue à se fourvoyer.

Privilégiant les droits de l’homme et l’illusion de la croisade démocratique au détriment de la stabilité et de ses propres intérêts nationaux, la diplomatie française est donc à l’état de ruines. Sur le dossier syrien, la France ne compte plus. Elle s’est marginalisée toute seule en faisant de Bachar El-Assad son ennemi numéro un. Pire, elle est incapable de peser dans un pays où plus d’une centaine de ses ressortissants font le Djihad puis retourne en France tentant d’y semer la terreur.

C’est que la France s’est convertie avec le zèle du néophyte au messianisme droits-de-l’hommiste américain. Comme Chateaubriand l’affirmait après les guerres révolutionnaires, « comme Mahomet avec le glaive et le coran, nous allions l’épée dans une main, les droits de l’homme dans l’autre » *. Les néo-conservateurs ne sont en fait plus à Washington mais à Paris**. En laissant de côté sa tradition réaliste héritée de François I et de Richelieu, la France se rêve en seconde « cité sur la colline » évangélisant le monde au nom des droits de l’homme. En Syrie, elle fut même plus idéaliste que l’Amérique elle-même pour au final subir un désastre diplomatique. Nos diplomates auraient en fait dû lire Talleyrand. En diplomatie, « tout ce qui est excessif est insignifiant » …

 

*Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe

**Voir le livre de Hadrien Desuin, La France atlantiste ou le naufrage de la diplomatie

Simone Veil, le panthéon et la bataille des mémoires

Simone Veil, le panthéon et la bataille des mémoires

Simone Veil est morte le 30 juin 2017. Après une vie marquée par les épreuves de la shoah au combat pour l’avortement, elle s’est éteinte paisiblement à son domicile parisien. Dès l’annonce de sa mort, les hommages se succèdent. La presse est unanime pour saluer « la combattante des droits des femmes » en mettant volontiers sous le tapis son soutien à la Manif pour tous. Afin de faire de Simone Veil une sainte, il faut bien en effet masquer toute compromission avec les soi-disant « ennemis du progrès »! Chesterton avait raison. « Le monde est plein d’idées chrétiennes devenues folles ».

Autrefois, les grands défenseurs de l’Eglise étaient canonisés pour devenir des saints. Cela avait valu à Louis IX de devenir Saint-Louis. Dorénavant le Christianisme a laissé place à une nouvelle religion civile, celle qu’Auguste Comte appelait « la religion de l’humanité ». Dans cette religion, ses défenseurs ne sont plus canonisés mais « panthéonisés ». Le Panthéon, justement, « ce morceau d’une Rome bâtarde, à la fois antique et jésuite, échoué à l’écart sur la colline, d’où la vie a coulé de toutes parts vers les pentes basses » *, serait d’après les féministes de tous poils le lieu approprié d’où pourrait reposer Sainte Simone.

Honnêtement je ne le conseillerai pas. Non pas qu’elle ne le mérite pas. Non pas que le Panthéon manque de grands hommes ou de grandes femmes. Se retrouver aux côtés des Victor Hugo, Dumas et tant d’autres est forcément un privilège. Non, le problème vient du fait que le Panthéon est d’une part extrêmement lugubre et d’autre part trop orienté politiquement.

Pour tous ceux qui ont en effet parcouru les dalles de ce monument, on est toujours surpris par l’aspect glacial voir glaçant des lieux. Tout y est très sombre. On a parfois même du mal à voir les tombeaux des grands hommes. C’est qu’au départ le monument était une église bâtie en l’honneur de Sainte-Geneviève, patronne et défenseur de Paris. Louis XV l’avait commandé pour remercier le ciel de l’avoir sauvé durant « l’épisode de Metz », le bien-aimé étant alors à deux doigts de la mort. L’austérité des lieux n’est donc que le fruit de cet épisode traumatisant pour le roi. Enterrés en dessous, on a l’impression que les morts subissent contre leurs grés un nouveau châtiment. Le Panthéon, c’est la tragédie des morts, l’ignoble hommage rendu aux hommes glorieux.

Mais le Panthéon, c’est aussi l’histoire. Comment ne pas le ressentir lorsque que l’on arpente cette « nécropole plantée sur ce plateau croûteux » ** ? Mais cette histoire est une histoire amputée. Une histoire qui ne commence qu’en 1789. Une histoire qui occulte « les 40 rois qui ont fait la France ». Certes Voltaire et Rousseau, présents tous deux au Panthéon, ont vécu avant la Révolution. Mais ces deux symboles des lumières ont été utilisés par les révolutionnaires en oubliant soit-dit en passant que Voltaire était davantage un admirateur de Pierre Le Grand et de Frédéric II qu’un fervent partisan du gouvernement du peuple.

Cette instrumentalisation politique du Panthéon se retrouve ensuite tout au long des deux derniers siècles jusqu’à nos jours***. Le député de la Convention Le Peletier de Saint-Fargeau fut ainsi enterré au Panthéon avant d’y être enlevé, étant proche de Robespierre les thermidoriens n’en voulaient plus aux côtés du père de Candide. Mirabeau avait subi le même sort lorsque l’on a découvert ses lettres adressées à Louis XVI. Plus tard, la troisième république va faire rentrer Victor Hugo puis Emile Zola tandis que le cartel des gauches fera rentrer Jean Jaurès lors du dixième anniversaire de sa mort.

Au Panthéon, si l’on reprend les mots de Péguy, « tout commence en mystique et finit en politique ». Les morts ne sont que les instruments d’une politique destinée aux vivants. De Gaulle avait ainsi su jouer de l’inhumation de Jean Moulin et de son « terrible cortège » selon les mots célèbres de Malraux pour accréditer la thèse d’une résistance qui aurait été exclusivement gaulliste. De même Mitterrand consacrera en 1981 sa première visite en tant que président au Panthéon pour « un bonjour » aux grandes figures de la gauche qui n’était en fait d’après Régis Debray qu’un « au revoir » à cette même gauche deux ans avant le tournant de la rigueur. Quelques années plus tard, il fera entrer Jean Monnet comme pour mieux souligner son virage européiste. Choisir un « panthéonisable », c’est donc clairement faire un choix de nature politique.

Or, autant le dire tout de suite, le Panthéon s’inscrit dans l’univers de la gauche. La droite quant à elle a toujours préféré la nécropole des rois, celle de St-Denis. La France est sans doute le seul pays au monde à avoir deux centres de mémoire complètement rivaux. En Angleterre, dans l’abbaye de Westminster, c’est toute l’histoire de ce pays qui y est rassemblée. C’est que de l’autre côté de la Manche, l’histoire est un tout, uniforme et continue. Chez nous, l’histoire est une bataille de tous les instants. Une bataille de mémoire qui reflète les déchirures françaises. C’est pourquoi ni Napoléon, ni Clemenceau, ni De Gaulle ne sont au Panthéon. Ils ne voulaient tout simplement pas s’adosser à des querelles historiques et partisanes, eux qui se considéraient comme au-dessus de ces clivages.

En mettant Simone Veil au Panthéon, on court donc le risque de relancer ce conflit mémoriel au détriment de la défunte qui ne voulait surtout pas ça. Pire, en plus de reposer dans ce monument terne et froid, elle risque d’être instrumentalisée par chaque parti. En étant au Panthéon, ne devient-elle pas une nouvelle égérie de la gauche et non plus de la nation ? C’est toute la difficulté, en effet. Les féministes tentent en tout cas de s’approprier sa mémoire alors même qu’elle fut très distante vis-à-vis de ces mouvements. La bataille mémorielle est d’ores et déjà lancée. Elle promet d’être impitoyable. Comte ne s’était donc pas trompé. Ce sont donc bien les morts qui gouvernent les vivants.

*Julien Gracq, Lettrines

**Audiard, La Nuit, le jour et toutes les autres nuits

***Voir le libre remarquable de Patrice Gueniffey: Napoléon et De Gaulle, deux héros français. Le chapitre se nomme Le cimetière des héros.

La « nouvelle gauche » et la mort en silence du socialisme

La « nouvelle gauche » et la mort en silence du socialisme

La nouvelle n’a pas fait la une des journaux. Pourtant, elle est d’une importance capitale. Depuis le retour de la République en 1871, jamais l’assemblée nationale n’était en effet privée d’un groupe de députés se revendiquant explicitement du socialisme.

Or, il y a quelques jours, les rares députés PS ont formé un groupe parlementaire intitulé « la nouvelle gauche ». Finis donc l’étiquette socialiste et sa cohorte de figures illustres de Jaurès à Mitterrand en passant par Blum. Place dorénavant à « la gauche », expression d’autant plus intéressante qu’elle est suffisamment floue pour s’épargner des débats doctrinaux dont on sait qu’ils ne vont que diviser davantage ce qui reste du parti socialiste.

Pourtant, lorsque le mot « socialisme » fut inventé par Pierre Leroux en 1834, aucun socialiste ne se disait de gauche*. Pour eux, la gauche représentait cette bourgeoisie éclairée et progressiste issue des idées libérales de la Révolution Française opposée à une droite conservatrice ou réactionnaire.

Il ne faut jamais oublier que des hommes comme Tocqueville** ou encore les très libéraux Frederic Bastiat ou Jean-Baptiste Say étaient placés à gauche par leurs contemporains. Les socialistes, quant à eux ne voulaient pas être rangés dans un clivage « bourgeois » entre droite et gauche.

Pire, par deux fois, lors des journées de Juin 1848 puis durant l’écrasement de la commune en 1871, ce sont des représentants de la gauche bourgeoise, Cavaignac puis Thiers, qui ont mené la répression contre les classes populaires acquises aux idées socialistes.

Il aura en fait fallu l’affaire Dreyfus pour voir les socialistes se ranger derrière la bannière de la gauche. Cette alliance entre la bourgeoisie progressiste et les classes populaires, fruit d’une volonté commune de lutter contre les restes de l’ancien régime, permettra un certain nombre d’avancées sociales comme les congés payés ou l’abolition de la peine de mort.

Elle permettra surtout à la gauche de l’emporter électoralement en 1936 avec le Front Populaire puis en 1981 avec le programme commun mitterrando-communiste.

Mais cette alliance fut brisée en 1983. Du fait de la mondialisation des échanges et de l’intégration européenne, les intérêts de la bourgeoisie progressiste et ceux des classes populaires vont radicalement diverger.

D’un côté, la bourgeoisie profite de la libéralisation des échanges et des capitaux pour asseoir sa domination économique. De l’autre, les classes populaires voient leurs emplois se délocaliser dans des pays à faibles coûts de main d’œuvre. « Le tournant de la rigueur » de 1983 ne sera en sorte que le point de rupture entre ses deux classes sociales.

En 1983, Mitterrand abandonne donc le socialisme et les classes populaires au nom de l’ordo-libéralisme européen. Par la même, il les pousse dans le bras du Front National qui dès 1984 commence à glaner des succès électoraux***.

Pour compenser, la gauche va miser sur l’immigration et sur l’antiracisme ce qui sera connu plus tard comme étant « la stratégie Terra Nova ». Mitterrand aura donc réussi l’exploit de faire du parti socialiste un parti de gauche mais idéologiquement … non socialiste.

Ces disciples poursuivront l’œuvre accompli avec davantage de zèle et de cynisme encore. Les rejetons du mitterrandisme ne seront d’autres que les Attali, Strauss-Kahn, Lamy, Moscovici et … Hollande.

Ce dernier sera d’ailleurs l’archétype de cette gauche qui ne souhaite plus être socialiste en trahissant le discours du Bourget. En somme, une gauche sociétale et non socialiste et ceux au moment même où la critique socialiste du capitalisme n’a jamais été autant pertinente.

Face à un capitalisme qui récuse toute idée de frontières et de limites, face à la marchandisation progressive de tous les rapports sociaux, comment ne pas voir en effet que les Marx, Engels, Proudhon ou Orwell ont beaucoup à nous apprendre ? En abandonnant toute référence au socialisme, le groupe « nouvelle gauche » ne tourne-t-il pas le dos à une tradition intellectuelle en mesure de comprendre le monde dans lequel nous vivons ?

*Voir le livre de Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche.

**Tocqueville était le chef de file du groupe « La jeune gauche » à l’assemblée sous le règne de Louis-Philippe

***Voir le dernier livre de Pascal Perrineau, Cette France de gauche qui vote FN.

Macron tout-puissant : la présidence absolue

Macron tout-puissant : la présidence absolue

Nous sommes en 1661. Mazarin, premier ministre et gouvernant du royaume vient de s’éteindre. Le roi, Louis XIV, plus intéressé par la chasse que par la politique, s’avance vers le conseil des ministres.

L’homme, plein d’autorité, annonce à la grande surprise du conseil qu’il gouvernera seul, sans premier ministre, et finit son allocution par le célèbre « l’Etat, c’est moi ». Profondément marqué par la Fronde des grands du royaume, le monarque concentre entre ses mains tous les pouvoirs.

Moins de 400 plus tard, l’histoire se répète de nouveau confirmant l’intuition de Hegel pour qui l’histoire se répète deux fois, la première comme tragédie, la seconde comme farce. Sauf qu’ici, il n’y a pas de farce. Le pouvoir macronien ne rigole pas.

Au contraire, il est incroyablement professionnel, maîtrisé et centralisé. Derrière un visage d’ange, le pouvoir n’a jamais été autant concentré dans les mains d’un seul homme depuis le règne de Louis XIV. Même Napoléon et De Gaulle ne concentraient pas autant de pouvoir. Avec Macron, la France est redevenue une monarchie absolue.

Cette conviction m’est apparue aux vues de trois actes forts du président Macron.

 

I) Acte 1 : La formation du premier gouvernement

Dès lors qu’Emmanuel Macron fut élu président de la République, la mécanique du pouvoir macronien s’est mise en marche. Le nouveau président s’est en effet entouré d’une garde rapprochée de technocrates ayant la main sur tout. Souvent issus de l’ENA, ces conseillers du prince sont ici pour appliquer les directives présidentielles.

On retrouve parmi eux Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, Patrick Strzoda, directeur de cabinet, Philippe Etienne, conseiller diplomatique ou encore Pierre de Bousquet de Florian, coordinateur du renseignement et de la lutte antiterroriste. Avec eux, ce sont une cinquantaine de conseillers, rien qu’à l’Elysée qui dans tous les domaines se comportent en chefs d’administration n’ayant comme seul référent le président de la République.

On pourrait dire que cette pratique est normale pour la Vème République. Après Sarkozy et Hollande, nous serions retournés au fondement du gaullo-miterrandisme présidentiel. Or, à l’époque, le gouvernement pouvait se targuer d’une certaine marge de manœuvre.

Aujourd’hui la donne a changé. La formation du premier gouvernement nous donnait à voir pour la première fois la méthode Macron.

En choisissant Edouard Philippe comme premier ministre, Macron gagnait sur trois tableaux. D’abord, en prenant une figure montante de la droite, il fracturait profondément les Républicains à quelques semaines des législatives. De plus, il choisissait un député à la fois jeune et peu connu du grand public accréditant la thèse du renouvellement. Enfin, n’étant pas un poids lourd politique, il ne risquait pas de faire de l’ombre au président.

Mais, le plus surprenant, c’est que le premier ministre est directement surveillé par l’Elysée. Le président a en effet placé des hommes de confiance à Matignon qui l’informe sur les projets du premier ministre. Ce dernier a d’ailleurs dû batailler pour avoir son propre directeur de cabinet au lieu et place de Nicolas Revel, un proche de Macron.

En plus de Philippe d’autres ministres ont été mis sous surveillance par l’Elysée. Jean-Yves le Drian fut ainsi contraint d’accepter la présence d’Emmanuel Bonne comme directeur de cabinet à la place de son ami Cédric Lewandowski, Bonne étant d’ailleurs à la fois directeur du cabinet du ministre et conseiller spécial du président. Au sein du ministère des armées, la ministre Sylvie Goulard était également totalement contrôlée par un cabinet entièrement à la main du président.

Cette technique de contrôle de l’action gouvernementale par les hommes de l’ombre du président est la marque de fabrique du Macronisme. Tout est en effet centralisé à l’Elysée. Les ministres ne sont que de simples exécutants d’une politique décidée par le président. Ils n’ont plus de marges de manœuvres comme au temps de Sarkozy ou Hollande.

Pire, ce sont eux qui sont placés en première ligne permettant au président d’avoir un filet de protection en cas d’échec. En d’autres termes, les ministres bien qu’en réalité ils n’aient aucun pouvoir, tout se jouant à l’Elysée, seront jugés responsables en cas de mauvais résultats.

Il faut néanmoins noter que deux ministères échappent à ce contrôle présidentiel, la justice, avec François Bayrou et Bercy avec Le Maire et Darmanin.

 

II) Acte 2 : l’affaire du MODEM

Une fois ce premier gouvernement sur les rails, l’Elysée s’est aperçue que Bayrou et son ami De Sarnez pouvaient représenter une véritable épine dans le pied. Menacés dans les affaires d’emploi fictif au parlement européen, les ministres MODEM avaient également pris la fâcheuse tendance de revendiquer une certaine liberté politique.

Bayrou savait que le rapport de force lui allait être défavorable au fil du quinquennat. Il avait donc joué un coup de Poker en réclamant une centaine de circonscription pour son parti pour les législatives. Il pensait en effet que si la République en Marche n’avait pas la majorité absolue au parlement sans le MODEM alors il serait devenu incontournable pour la suite du quinquennat.

Hélas pour lui, avec 308 députés, LREM atteint seul la majorité absolue. Bayrou a perdu son pari et toutes ses chances de rester au gouvernement.

Habilement, Macron a contraint Sylvie Goulard à démissionner au nom des affaires du MODEM. Pour ma part, je suis intimement convaincu que ce départ n’avait rien à voir avec les affaires mais est lié au fait que Goulard n’acceptait plus la tutelle envahissante de l’Elysée. En tout cas, cette démission rendait intenable la position de Bayrou et Sarnez. Pourquoi en effet ne démissionnent-ils pas alors qu’ils sont cités dans la même affaire que Sylvie Goulard ?

La pression médiatique aidant, Bayrou retourne à Pau où il sera inoffensif pour l’Elysée. Pour De Sarnez, l’humiliation est plus grande encore. Se présentant à la présidence du groupe MODEM à l’assemblée elle doit se retirer au dernier moment pour éviter une défaite annoncée. Ancienne ministre, elle n’est plus qu’une député d’un groupe minoritaire.

En fait, Macron a gagné, le MODEM n’est plus qu’une force marginale incapable de s’opposer à son pouvoir. Pour la Forme, Macron a pris deux ministres issues du MODEM, Jacqueline Gourault et Geneviève Darrieussecq, deux personnalités politiques secondaires occupant des postes subalternes. Au MODEM, on boit donc le calice jusqu’à la lie.

 

III) Acte 3 : le remaniement ministériel

Débarrassé du MODEM, Macron doit gérer une autre affaire embarrassante, celle de Richard Ferrand. Or, étant un très proche du président et sa principale éminence grise politique, Ferrand ne peut pas être écarté comme Bayrou.

Macron décide alors de l’exfiltrer du gouvernement vers la présidence du groupe En Marche à l’assemblée où il sera clairement moins exposé par les affaires. De fait, le président place un homme à lui pour surveiller la majorité parlementaire et ceux alors que le premier ministre est censé être le chef de la majorité. Les nouveaux députés LREM ne se trompent d’ailleurs pas, pour eux, le véritable pouvoir n’est pas à Matignon mais à l’Elysée.

Tenant via Richard Ferrand et Catherine Barbaroux, présidente du mouvement En Marche, les députés de la majorité, Emmanuel Macron ne peut plus craindre des frondes parlementaires comme sous le quinquennat Hollande. Au contraire, étant donné leur maigres expériences politiques, les députés seront d’autant plus faciles à contrôler.

Ils deviendront des députés Godillots sous le contrôle étroit du président de la république. Le premier ministre perd quant à lui un aspect essentiel de ses fonctions sous la Vème République.

Pour compenser cette perte et voir ses marges de manœuvre renforcées face au président, le premier ministre comptait voire débarquer plusieurs ministres de droite au gouvernement. Il avait même mis sous pression le président en formant grâce à son ami Thierry Solère un groupe LR-UDI dit des « constructifs » le matin même du remaniement ministériel.

Or, Macron n’a pas cédé un pouce. Au contraire, il a nommé deux personnalités transparentes sans poids politique, plutôt à gauche, Nicole Belloubet à la justice et Florence Parly à la défense. Pire, les deux seuls alliés de Philippe au Gouvernement, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, se voient mis sous tutelle par l’Elysée qui a placé Benjamin Griveaux, un très proche d’Emanuel Macron, comme ministre sans portefeuille à Bercy. Griveaux sera un peu l’œil de Macron au sein du ministère surveillant chaque faits et gestes des deux ministres de droite.

Pour les « constructifs », c’est donc la soupe à la grimace. Malgré leurs allégeances, ils n’ont rien obtenu. Ils ont en fait servi d’idiots utiles du macronisme pour faire éclater la droite. Pour Edouard Philippe, la situation est de plus en plus difficile. Privé de marges de manœuvre et d’alliés au sein du gouvernement, il voit ses pouvoirs petit à petit grignoter par ceux du président.

 

Emmanuel Macron est donc un hyperprésident, « jupitérien » disent les médias. Il est clair que depuis qu’il est installé à l’Elysée tout dépend de lui. Le pouvoir est ainsi conçu comme une pyramide où le président décide puis fait exécuter ses ordres à ses ministres via un réseau de technocrates à son service qui sont tachés de surveiller chaque ministère. Même le premier ministre est soumis à ces règles implacables.

Le contrôle se déploie également à l’Assemblée où Richard Ferrand a pour tâche d’encadrer les nouveaux députés. Cette configuration pyramidale peut renvoyer au Sarkozysme à la différence que Macron agit dans l’ombre, à l’abri des médias.

La présidence Macron est en fait une présidence absolue au sens où parlementaires et ministres se sont transformés en simples exécutants. Comme Louis XIV avant lui, il concentre en sa personne l’ensemble des pouvoirs. Dorénavant, l’Etat c’est lui…