Tocqueville : Quelle est la place de la religion dans la modernité ?

Tocqueville : Quelle est la place de la religion dans la modernité ?

A l’heure où le Christianisme semble sur le point de tirer sa révérence en Occident, les récents évènements réalisés au nom de Dieu, ou un tout cas d’un certain Dieu, a rappelé aux français que loin d’être l’objet d’un passé entièrement révolu, la religion est au cœur du monde moderne. Nous avons voulu croire, nous occidentaux, à l’avènement d’une ère post-religieuse, or cette dernière a de nouveau frappé à notre porte. La France n’avait plus connu de meurtres commis au nom d’une religion depuis la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV (1682). Des attentats islamistes aux débats sur la laïcité, la religion est devenue omniprésente aujourd’hui. Or, cette tension entre la religion et la modernité fut d’ores et déjà analysé par un esprit aussi brillant que contesté : Alexis de Tocqueville. L’auteur du célèbre De La démocratie en Amérique nous apporte en effet des clés de compréhension particulièrement éclairants sur le rapport qu’entretient la religion avec la modernité, rapport qui je le répète est au cœur des préoccupations contemporaines.

Comment Tocqueville nous-aide-t-il à penser le fait religieux aujourd’hui ?

Avant d’envisager la pertinence de la pensée de Tocqueville pour comprendre le lien entre modernité et religion, nous devons savoir quelle est précisément la place qu’accorde Tocqueville à la religion aux Etats-Unis et en France. Ce n’est qu’après ce travail que l’auteur peut être recadré dans une perspective contemporaine.

 

La religion aux Etats-Unis et en France : un destin diamétralement opposé

Lorsque Alexis de Tocqueville embarque avec son ami Gustave de Beaumont en Avril en 1831 pour les Etats-Unis, le jeune fils d’aristocrate normand venu d’abord étudier le système pénitentiaire américain, ne se doute pas qu’il y verrait les prémices du monde moderne et de la démocratie. En introduction de De la démocratie en Amérique, il dit : « J’avoue que dans l’Amérique j’ai vu plus que l’Amérique, j’y ai cherché l’image de la démocratie elle-même. » (1) En étudiant les Etats-Unis, l’auteur ne faisait selon lui qu’étudier l’avenir de la France.

Dans ce cadre, la religion prend une place fondamentale dans la pensée de Tocqueville. Ce dernier fut en effet frappé par la ferveur religieuse qui règne aux Etats-Unis. Il en a attribué les mérites à la séparation de l’église et de l’Etat garantie par l’article premier de la constitution américaine. « Je trouvai que tous ces hommes ne différaient entre eux que sur des détails ; mais tous attribuaient principalement à la complète séparation de l’Eglise et de l’Etat l’empire paisible que la religion exerce en leur pays. » (1) Selon lui, c’est dès lors que la religion, force spirituelle, ne se mêle pas à la politique, force temporelle, qu’elle peut espérer s’adapter au monde Moderne.

Plus important encore, il voit dans la religion la condition même de la liberté, « car si elle ne leur donne pas le goût de la liberté, elle leur en facilite singulièrement l’usage » (1). Cette analyse est centrale chez l’auteur car la religion produit les mœurs sans lequel toute liberté est impossible. En analysant donc la démocratie américaine, Tocqueville émet pour la première fois le souhait pour la France de voir l’Eglise et l’Etat se séparer. C’est même grâce à la laïcité, et seulement grâce à elle, que l’église de France serait en capacité d’endiguer son long déclin.

Dans L’ancien Régime et la Révolution, Tocqueville montre ainsi que les persécutions religieuses sous la Révolution ne furent pas le fruit d’une haine de la religion mais d’une haine envers l’Eglise comme institution : « C’était bien moins comme doctrine religieuse que comme institution politique que le Christianisme avait allumé ces furieuses haines » (2). Il attribue donc le déclin du fait religieux en France au fait que l’Eglise s’est faite la servante du pouvoir politique. Le Christianisme, selon lui, s’est égaré en s’associant depuis Constantin (312 AP J.C) au pouvoir politique. Dès lors que celui-ci s’effondre, il entraîne l’Eglise dans sa chute. Associé à l’ancienne monarchie, le Catholicisme a ainsi subi les foudres des révolutionnaires.

C’est pourquoi Tocqueville insiste fortement sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, condition sine qua non selon lui de l’entrée de la religion dans la modernité. L’originalité de Tocqueville est donc d’introduire dans la pensée française la question de la laïcité, question qui sera au cœur des débats politiques depuis 1905.

La laïcité :  une comparaison trompeuse entre les Etats-Unis et la France

Si Tocqueville souhaite voir la France prendre modèle sur les Etats-Unis en matière religieuse, il a sous-estimé les différences culturelles qui existent entre les deux pays. Aux Etats-Unis, les premières colonies furent construites par des hommes (pères pèlerins) fuyant les persécutions qu’ils subirent en Angleterre. Les Etats-Unis ont donc été fondés sur le principe de la liberté religieuse absolue ce qui exclut la mainmise d’une religion d’Etat. En France, au contraire, la religion est liée au pouvoir depuis le baptême de Clovis puis fut assimilé à l’obscurantisme par les Lumières. Dès lors, la culture française va opposer systématiquement la religion et la raison.

Ainsi, lorsque Aristide Briand ira défendre le projet de loi de 1905 concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il invoquera la lutte séculaire entre les Lumières et l’obscurantisme pour justifier le projet. C’est ici qu’apparaît une différence fondamentale entre la laïcité américaine (secularism) et la laïcité française rendant inopérant le schéma Tocquevillien. Aux Etats-Unis, la religion joue un rôle public considérable tandis qu’en France la religion doit être cantonné à la sphère privée puisque l’espace public est censé représenter l’espace de la raison. Aux Etats-Unis, la religion est la condition de la liberté, en France elle est un obstacle à l’empire de la « déesse raison ». Ce joue ici la différence primordiale entre les deux rapports à la religion.

Il paraît donc évident que Tocqueville aurait été opposé à la laïcité française issue de la loi de 1905, lui qui soulignait l’importance du fait religieux pour les mœurs publiques. Nous verrons dans la troisième partie pourquoi ce manque de visibilité de la religion dans l’espace public français est en contradiction avec la pensée de Tocqueville.

En plus des différences culturelles entre la France et les Etats-Unis, Tocqueville a tenté de répondre au problème, il est vrai très contemporain, de la compatibilité de l’Islam avec la démocratie. Il a par ailleurs écrit sur l’Islam ce qui nous aidera à mieux comprendre la tension actuelle entre l’Islam et la laïcité. Dans une lettre adressée à Gobineau, il se montre très sévère vis-à-vis de cette religion qu’il qualifie de « funeste ». Son aversion pour l’Islam tient au fait que pour lui l’Islam ne peut être séparée, comme l’est le christianisme, du pouvoir politique : « Le mahométisme est la religion qui a le plus complètement confondu et entremêlé les deux puissances [politique et cléricale] ; de telle sorte que le grand prêtre est nécessairement le prince, et le prince le grand prêtre, et que tous les actes de la vie civile et politique se règlent plus ou moins sur la loi religieuse. » (3)

L’universitaire américain Bernard Lewis reprendra cette pensée en montrant que dès l’origine de l’Islam, son prophète Mahomet est à la fois leader religieux et leader politique alors que le Christ refusera quant à lui tout pouvoir terrestre. De même, lorsque Jésus dit « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » puis lorsqu’il affirme que « Mon Royaume n’est pas de ce monde », il sépare le spirituel et le temporel rendant possible la laïcité alors que l’Islam n’a jamais pu se défaire « de la confusion des ordres ». Dans ces lettres, Tocqueville met donc sérieusement en doute la capacité de l’Islam à s’adapter à la modernité. Pire, il voit l’Islam comme une religion d’Etat, c’est-à-dire une religion incompatible avec la démocratie puisque celle-ci ne peut reposer que sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

On voit à travers le cas de la France et de l’Islam que pour Tocqueville le christianisme est par excellence la religion de la modernité mais que celle-ci ne peut jouer un rôle positif qu’une fois séparée de l’Etat. La laïcité qu’il professe est néanmoins aux antipodes de la laïcité française.  Il est temps de dire pourquoi.

De l’importance de la religion dans le monde moderne

Pour bien comprendre la position de Tocqueville, il est nécessaire de se référer à sa vie. Agnostique à l’âge de 16 ans, l’auteur a vu lors de ses voyages l’importance de la religion dans la production de mœurs sans lesquels la liberté serait impossible. En bon admirateur de Pascal, il n’oppose pas comme les Lumières la raison et la foi. Dans une lettre à Gobineau il dit : « Plus je vis, moins j’aperçois que les peuples puissent se passer d’une religion positive » (4). Ce n’est donc pas par foi mais par utilité que Tocqueville fait de la Religion un pilier des sociétés modernes.

 Il insiste particulièrement sur la question des mœurs car selon lui la religion est la seule institution capable de pacifier l’homme, de l’empêcher de tomber dans l’Hubris et la démesure. La religion exerce donc un contrôle moral suffisamment puissant pour faire coexister les hommes entre eux. Il dit : « Ainsi donc, en même temps que la loi permet au peuple américain de tout faire, la religion l’empêche de tout concevoir et lui défend de tout oser. » (1) Cette pensée s’oppose en tout point à celle de Nietzsche pour qui l’homme ne se réalisera pleinement que s’il assume la « mort de Dieu ».

Tocqueville, au contraire, pointe du doigts le risque qu’encourt les sociétés sans religion. Il dénonce ainsi l’athéisme entrainant selon lui inévitablement la société vers un matérialisme conquérant et autoritaire : « Il y a bien des choses qui me blessent dans les matérialistes. […] Si leur système pouvait être de quelque modeste utilité à l’homme, il me semble que ce serait en lui donnant une modeste idée de lui-même. Mais ils ne font point voir qu’il en soit ainsi ; et quand ils croient avoir suffisamment établi qu’ils ne sont que des brutes, ils se montrent aussi fiers que s’ils avaient démontré qu’ils étaient des Dieux. » (1)

Or, forcé de constater que Tocqueville ne s’était pas trompé. Le monde actuel est ainsi tombé dans un matérialisme fanatique dans lequel les considérations immatérielles de l’homme (la religion, la culture, le sentiment d’appartenance à une communauté) sont dévalorisées tandis que seul compte l’accumulation de biens matériels. Par la même, la dimension de responsabilité, produite par la religion, disparaît et ainsi l’homme ne se trouve plus de limites pour accomplir ses désirs en dehors de la coercition, dérive qui sera décrite plus tard par Peguy et Soljenitsyne.

 C’est sur ce point que la loi de 1905 aurait déplu à Tocqueville car en reléguant la religion dans la sphère privée comme une simple croyance personnelle, la laïcité prive la société française du contrôle essentiel des mœurs sans lequel une société ne saurait vivre paisiblement ouvrant la voie au matérialisme qu’abhorre Tocqueville. Il suffit de voir l’état de la société française pour se rendre compte de la pertinence de la pensée tocquevillienne. Plus la France se déchristianise, plus elle est rongée par le règne de l’argent et par la crise morale.

 Par conséquent, Tocqueville interroge notre rapport à la religion et identifie les risques pesant sur nos sociétés athées ou laïques. Non seulement la religion est essentielle pour pacifier les mœurs mais elle est également un puissant antidote aux pulsions matérialistes de l’homme, véritable « maladie dangereuse de l’esprit humain » selon Tocqueville.

Tocqueville est donc un penseur primordial pour comprendre la relation entre la religion et la modernité. En voyageant aux Etats-Unis, il s’est forgé l’idée que la religion est une condition de la liberté et que toute démocratie ne saurait se passer du concours de la religion. Tocqueville craint par-dessus tout le règne exclusif du matérialisme. C’est pourquoi, la religion ne saurait être selon lui reléguée dans la sphère privée où elle ne pourrait pas exercer son contrôle nécessaire sur les mœurs. Il juge également que la religion doit être indépendante de l’Etat, d’où sa profonde méfiance envers l’Islam, sous peine de connaître le même sort que l’Eglise pendant la Révolution. Sa conception de la laïcité est néanmoins très différente de celle qui sera issue de la loi de 1905 puisque la religion n’est pas selon lui une simple croyance personnelle mais une autorité nécessaire au bien public. Tocqueville souligne donc l’importance du fait religieux dans le monde moderne. Dommage que nous l’ayons oublié !

(1) De la Démocratie en Amérique (1835)

(2) L’Ancien Régime et la Révolution (1856)

(3) Lettres d’Alger (1846)

(4) Lettre à Gobineau du 2 Octobre 1853

La Droite dans la tourmente. Quelles hypothèses pour les élections à venir ?

La Droite dans la tourmente. Quelles hypothèses pour les élections à venir ?

« Je ne renoncerai pas », c’est par ces mots que François Fillon venait de mettre un terme aux spéculations qui l’entourait. Non, malgré sa probable mise en examen, le candidat n’abdiquera pas et se battra jusqu’au bout pour être élu président le 7 Mai 2017. S’il a mis un terme aux rumeurs, Fillon n’a pas faire taire les critiques dans son propre camp. Le Maire l’a lâché, les juppéistes Boyer, Apparu et Edouard Philippe l’ont abandonné tandis que l’UDI suspend son soutien au candidat de la Droite. Ironie de l’histoire, le parti centriste venait de conclure quelques heures plus tôt un accord avec LR pour l’octroi de plus de 60 circonscriptions aux prochaines législatives. C’est bien connu lorsque le navire est en train de sombrer les rats quittent le navire et ce sont toujours les plus lâches qui le quittent en premier.

Malgré tout, Fillon tient bon, persuadé qu’il a encore une chance de renverser la vapeur. Cet homme, même si on peut lui reprocher bien des défauts, possède une extraordinaire capacité d’encaisser les coups. Humilié pendant 5 ans par Sarkozy puis battu à la présidence de l’UMP par le fraudeur en chef Copé, « le géopoliticien de la Sarthe » a su à chaque fois rebondir. François croit en tout cas à son destin. Après avoir dévêtu son habit de « loser » lors de la primaire, il se voyait déjà à l’Elysée accueillant Vladimir Poutine et Donald Trump.

 Hélas, comme le disait avec justesse François Mauriac, « l’épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendons ». Une lointaine affaire sortie opportunément dans le Canard Enchaîné a brisé son rêve. Se reposant sur son image d’honnêteté et de probité, cette révélation eut l’effet d’une trahison. Que Juppé ait été condamné autrefois pour emploi fictif, que Marine Le Pen soit englué dans l’affaire des assistants parlementaires européens, qu’Emmanuel Macron a oublié de payer son ISF pendant trois ans*, qu’importe c’est Fillon qui paye pour les autres. A lui tout seul, il est devenu le bouc émissaire d’une France en pleine déliquescence. Triste destin d’un homme passant en un rien de temps du plus haut sommet au trou le plus profond ! S’ils étaient nés 4 siècles plus tard, Racine et Corneille auraient écrit des chefs d’œuvre sur sa vie.

Autant le dire tout de suite je n’apprécie guère les cabales médiatiques. Béregovoy et Baudis sont suffisamment encrés dans ma mémoire pour ne pas me laisser abuser. Les médias, contrairement à moi, n’ont cure de la « présomption d’innocence ». Pire, ils foulent au pied le secret de l’instruction. Fillon est forcément coupable, nos Vychinskis** médiatiques l’ont déjà condamné. L’odeur du sang attire toujours la meute de loups. C’est triste mais ainsi est la dure loi de la modernité.

Bête à la fois blessée et traquée, Fillon n’en reste pas moins toujours vivant. Il peut toujours mordre. Ses 3 millions d’électeurs de la primaire n’ont pas encore déserté. Crédité de 18%, il n’est qu’à quelques points d’Emmanuel Macron, ce hollande rajeuni de trente ans qui plaît tant à nos médias. Pour Fillon, rien n’est perdu. Il sait que Macron n’est qu’une bulle qui tôt ou tard éclatera. Il sait très bien également que le phénomène Macron ne repose que sur son visage de gendre idéal fantasmé par les ménagères de plus de 60 ans, symptôme d’une époque où l’image prend le pas sur les idées. Enlever Macron et vous ne voyez plus que la cohorte des « Has-been » (Cohn-Bendit, Bayrou, Minc) de la politique qui roulent pour lui. Emmanuel signifie après tout « Dieu est avec nous » en langue du Christ. Or, comme Lazare, ces hommes ont un besoin pressant d’être ressuscités !

Fillon a donc encore ces chances, pourvu que son électorat lui reste fidèle. Les prochains jours seront décisifs, soit les sympathisants de Droite le suivent et alors il continuera à affronter la tempête, soit ces derniers l’abandonnent et il devra alors se retirer. Pour la Droite ce sera la Marne ou Dunkerque***. D’ici là, les tractations de l’ombre se poursuivent. Juppé est appelé en homme providentiel. C’est que « le meilleur d’entre nous » ne manque d’atout pour sauver sa famille du désastre. Intelligent, expérimenté, Juppé n’a néanmoins jamais conquis les cœurs des électeurs. Distant, froid et arrogant, le maire de Bordeaux n’a jamais su convaincre les français. Obtenant à peine 30% lors de la primaire, le tout avec les voix d’électeurs de gauche, il ne serait pas en mesure de conserver une base filloniste qui le considérera à juste titre comme un traître. Il pourrait bien sûr gagner des voix au centre mais Macron lui barrerait la route. On ne peut pas être deux sur le même siège. Il serait aussi contraint de convaincre les sarkozystes Baroin, Ciotti, Estrosi entre autres, que Juppé déteste. Le seul élément positif d’une candidature Juppé serait de voir l’attitude de Bayrou. Rallié à Macron qu’il qualifiait il y a quelques semaines « d’agents des puissances de l’argent », le béarnais change autant de vestes que son modèle Henri IV a changé de foi. Bayrou ne serait pas à sa première trahison mais celle-ci ne manquerait en tout cas pas de sel.

Coupé de la base des républicains et privé d’espace au centre, Juppé ne pourra pas emporter la présidentielle et ça Fillon le sait bien. D’autres noms ont été cités : Baroin, marionnette sarkozyste dépourvue de tout charisme, Bertrand, faux air de Hollande sous sa bonhommie et trop à gauche pour plaire au peuple de Droite, Wauquiez, trop à droite pour pouvoir rassembler, Kosciusko-Morizet, femme de gauche drapée dans des habits de Droite. Rien n’y fait, il n’y a pas de plan B. La Droite est coincée. Il n’y a rien de pire que tout en sachant qu’on se précipite vers une catastrophe on soit incapable de faire quoi que ce soit pour l’éviter.

La situation est d’autant plus tragique que pour elle, l’élection était imperdable. A gauche, le hollandisme a désintégré son unité, ou plutôt montré que cette unité est une fiction héritée du vieux Jaurès. Si pour moi Hollande a réussi une chose c’est qu’il a décrédibilisé pour longtemps le parti socialiste. Finis l’arrogance des hiérarques du PS et de leurs leçons de morale à deux sous ! Merci Monsieur Hollande ! Hamon, quant à lui, est le pathétique rejeton d’un parti socialiste qui ne produit que des apparatchiks dépourvus d’envergure politique. De même, Mélenchon est l’ultime représentant d’une gauche dont le surmoi marxiste n’a toujours pas été digéré. Au centre, il y « l’hologramme Macron », la formule est de François Bayrou (Sic), qui fut à Hollande ce que Guizot fut à Louis-Philipe, le génie intellectuel en moins. Pur produit de l’énarchie, il ressemble plus à un inspecteur des finances qu’à un président de la République. Enfin à l’extrême-droite, 2 français sur 3 ne veulent pas de Marine Le Pen. A moins d’une catastrophe, elle n’a quasiment aucune chance de devenir présidente. Pourtant Fillon a tout intérêt à la voir atteindre le second tour. Les médias ne manqueront pas d’invoquer une menace fasciste imaginaire ce qui permettra à Fillon d’apparaître comme le sauveur d’une nation en péril. Cette vaste farce a un mérite : elle fait passer les hommes médiocres pour des héros.

Fillon n’est donc pas mort, il peut compter sur la faiblesse des autres pour se maintenir en course. Néanmoins, l’affaire Pénélope a sapé la confiance qui existait entre lui et les français. Il lui sera extrêmement difficile d’atteindre le second tour. Peut-être arrivera-t-il à coiffer sur le poteau Emmanuel Macron. Se posera dès lors la question de sa capacité à gouverner. Pour ma part, je suis convaincu qu’il ne pourra pas appliquer son programme. Il faudrait alors s’attendre à 5 ans de paralysie politique du pays. Pendant ce temps, la France touche le fond en creusant toujours plus sa propre tombe.

 

 

*http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/03/01/31001-20170301ARTFIG00342-francois-fillon-et-le-grand-bal-des-tartuffes.php

**Procureur lors des grands procès staliniens

***La bataille de la Marne 1914 ou la fuite de Dunkerque devant les allemands en 1940